Le cahier
4%20juillet%202005
Je ne veux plus écrire, je ne veux plus créer.
Je ne veux plus détruire, déchirer le papier,
Écraser, d'une main, ce qui ne pèse plus rien.
Je suis venu ici si souvent. J'en oublie même pourquoi je suis venu la première fois.
C'est une plaque tournante, une pierre angulaire entre le monde A et le monde B. Par fois je m'en vais, par fois je reviens. Je ne sais plus ce qu'il en est et les choses sont floues. Je ne sais plus si ma place est là-bas ou si elle est à l'autre endroit.
9%20juillet%202005
Tout commence avec une gorgée, puis une langue qui sort de sa poche pour lécher une saucisse brûlée. Le rugosité du calcinât enflamme mes papilles.
Plus tard les mains des explorateurs se laissent porter par les flots. La nuit sous les couvertures et le jour sous l'omerta.
2%20août%202005
Je ne suis pas une cicatrice.
Je ne suis pas l'été ni l'hiver.
Je ne suis rien que l'on remarque et rien que l'on ressens.
Je ne suis pas la joie ni la tristesse.
je ne suis rien qui fasse rire ni pleurer.
Je suis le noir, je suis l'absence.
Je suis le néant et l'errance.
Je suis un trou dans une mémoire.
Je suis celui que l'on oubli de voir.
14%20février%202006
Retour sur l'absence sans fréquence. Nous sommes des maux sur une pages. Un jeu de mot poche, un mal de poche.
L'ivresse de l'absence d'ivresse me caresse.
L'oubli de l'oubli est une illusion.
Je suis fou du mal et de l'absence.
Je tue la vie avec passion.
Je suis morne, sans expression.
Je pèse mes mots et je vous les balance au visage. Deux, trois fois votre poids. Pas de ménage pour vous écraser. Il y a un grand principe que je défends et je crache mon venin aux visages des infidèles.
6%20mars%202006
L'ennui est élastique et s'étends comme le caoutchouc sur mon gland. Je suis un batton de poisson surgelé qui frémit sur le sol, attendant la mort; sautillant, virevoltant, cherchant à retrouver son milieu aqueux.
Je veux replonger en toi, m'enfoncer au creux de ta chair. Je veux t'envahir et prendre tes yeux. Je ne sais plus qui je suis si je ne me regarde pas. Je veux prendre ton corps et me faire l'amour, prouver la valeur de ma carcasse terne.
4%20avril%202006
Contemplation du passé, colère instantanée.
Oui, ma détermination a porté ses fruits : la rage et l'aigreur. Mon visage se crispe de rides forcenées.
Oui, j'ai acquis le réflèxe du sphincter. Quand je regarde mon abdomen, je regarde mon passé. Je vois les restes de ce qui m'a jadis nourri. Je vois de la merde pourrissante qui m'empoisonne et que je dois éliminer.
Placez-vous en rang, fantômes du passé, l'heure de la fusillade a sonné.