Le cahier

10%20novembre%202009

J'écris sur ma guitare, je joue ce que j'écris. Je suis un miroir interdit. Je suis un mensonge inédit. Je parle de ce dont je parle, je fuis ce dont je puis, j'ai peur de ne pas être à la hauteur, je ne veux plus manger le malheur, je veux manger les jeunes filles en fleur sans jamais me porter cueilleur. J'ai peur des hauteurs quand je suis le premier marcheur. Je suis un haut le coeur quand il faut mener l'ardeur. Les cuisses soyeuses me font vouloir l'amoureuse succube qui joue à l'agression des masculines tensions.

22%20novembre%202009

Comme si six cents soucis c'étaient assis sur la soupape de l'ennui, je découvre avec sursis tout ce vomi qui jongle dans la jungle de ma gorge, qui geint dans de fantasmés vagins, qui pollue la senteur des idées que m'inspire l'oreiller, les secrets imaginaires que mon esprit seul sait inventer. Mon esprit si vif, qui n'a d'égal que mon tube digestif, évacue une diarrhée de rêves au rythme où je les rêvent. Une tonalité rauque résonne hors de ma raie ; une musique sublime, le subtil chant des espoirs trépassant, le tonnerre juteux de la réalité écrasant les misérables efforts d'un instinct de survie menteur qui veut cacher ses malheurs, vivre une autre heure.

Je fais des mots pour masquer mes maux, je macère ces mots menteurs pour ne pas pourrir du coeur.

Je veux tant que mon coeur tente la tempête, tant que mes peurs meurent le temps bête.

1er%20décembre%202009

Je suis un collectionneur d'odeurs. Je ne lave pas mes draps afin que ceux-ci s'empreignent des parfums des femmes qui y passent. Dans les froides nuits d'hiver où rien ne s'espère, je m'entoure de ces tissus aux milles effluves et me trouve bercé dans un bouquet de roses, aux abords confortable.

Les pétales se fanent et je m'empale sur les épines. Les épines pernicieuses qui me rappellent le jour ; qui me rappellent la vie que je dois vivre aujourd'hui.

7%20décembre%202009

Phallus ici, phallus là-bas, on butine ici, on butine là-bas. Qu'est-ce qui nous mènera jusque là ? On cherche quelque chose, on ne sait pas quoi. Peut-être s'ennui-t-on, on ne le sait pas.

J'ai rêvé d'un bateau qui, sans mât, aux grandes eaux, se bondait de passants, oh, il y en a tant, cinq mille cinq cent ! D'un bon train voguant, il s'arrête brièvement dans tous les ports du fleuve St-Laurent.

C'est ici qu'on m'attend, je débarque maintenant. Non ! La poupe est si pleine de cent mille passants obstruant, nonchalants, la veine de mon élan et je rate, maudissant, la passerelle d'un instant.

C'est si long qu'est le temps dans cette embarcation, jusqu'au prochain débarquage de piétons. Je me cache dans la cale en méditations et je cherche le sens de ce voyage si long.

Basile ! Ta basilique brûle et notre dame s'en damne le piton. Basse île, je pleure les mers du sud pour faner les flammes.

Je ne te trouve pas si conne car je vois la tendresse dans tes yeux insipides. Quelque chose tente de sortir, peut-être une jeune russe ? Peut-être qu'elle tousse, peut-être dansait-elle avec tous ses amants ? Peut-être mourrait-elle en se masturbant ? Fanée. Que tentais tu de sortir, l'autre soir, accoudée au comptoir, quelque part près d'un bar ?

19%20décembre%202009

Ne me dérange pas. Je suis occupé à me crisser de toi. Mais qu'as-tu à me dire, mais qu'as-tu à m'offrir ? Est-ce que prennent, au fond de toi, un sens, les ténèbres ? Courras-tu avec moi sous les cieux étoilés ?

31%20mars%202010

Apocalyptique sonogenèse sur l'enclume et le marteau résonne dans la forge des idées et des passions. Le temps est une leçon qui garde ses pantalons. Echos de fatigue des musiques d'hier. J'entends aujourd'hui ce que je n'ai pas dit hier. Trop tard, il fallait savoir saisir le soir.

Je sors mes amygdales des terres du bout du ciel, je parle des papilles qui goûtent aux pines. Je perds les partisanes qui se baignent dans la tisane. Attise la Suzanne, ça sonne comme un nom d'âne. Je ne sait pas pourquoi je bois de la tisane. Je trempe la tige aux tisonnières qui tonnent le ton d'hiver.